RETRAITÉS

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Planification financière de la retraite – Comment s’y retrouver simplement

Vous voyez peut-être la retraite comme une période où vous aurez plus de temps à consacrer à vos loisirs et où la détente prendra une part plus importante de votre quotidien. Vous aurez désormais plus de temps à consacrer à ce qui augmente votre bien-être.

Le travail a toutefois probablement occupé une part importante de votre vie, tant sur le plan personnel que social. La retraite peut alors signifier une fin à tout cela et par conséquent, créer un vide. Il n’est pas rare que de nouveaux retraités songent à retourner sur le marché du travail pour en retrouver certains avantages. Toutefois, vous pourriez redouter ceci par peur de perdre certains avantages fiscaux ou tout simplement de devoir payer encore de l’impôt.

Cet article est une introduction aux sujets touchant la préparation d’une retraite à votre image, en soulignant les impacts fiscaux à considérer ainsi qu’en démystifiant certaines idées préconçues. Nous traiterons des éléments à considérer lors d’un retour au travail en tant que retraité, tant sur le plan financier que fiscal.

Dans quelle situation, pourrait-il être intéressant de songer à retourner au travail une fois à la retraite ?

Tout d’abord, il est important de vous rappeler que le retour au travail est un choix. Bien qu’il génère des revenus imposables – ce qui freine plusieurs personnes – ces revenus peuvent considérablement bonifier votre retraite pour de nombreuses raisons. Vous pourriez vous dire que cela ne vaut pas la peine de travailler une fois à la retraite car vous allez devoir payer plus d’impôts. Cependant, il faut évaluer tous les avantages que cela procure et ne pas s’arrêter strictement à cet aspect.

Comprendre d’où proviendront vos revenus à la retraite

Généralement, lorsque vous êtes en période active et que vous travaillez, vos sources de revenus sont assez prévisibles et découlent principalement de votre emploi. Une fois à la retraite, votre revenu est souvent composé de plusieurs sources et cela peut rapidement devenir un casse-tête…

Par conséquent, il est important de définir les sources qui composeront votre revenu à la retraite. Essentiellement, on peut décortiquer le tout en quatre grandes catégories :

1e source – les régimes gouvernementaux 

  • La Pension de sécurité de vieillesse du Canada (SV) : la rente est déterminée selon le nombre d’années dont le contribuable était résident canadien ;
  • La Prestation du Régime de rentes du Québec (RRQ) : la rente est déterminée en suivant le calcul du régime qui s’appuie sur le nombre d’années de participation ainsi que sur les revenus gagnés ;
  • La Pension d’un régime étranger : si vous avez cotisé à un régime de retraite d’un autre pays, il serait important de vous renseigner au sujet d’un accord possible entre le Canada et ce pays.

2e source – Les régimes publics et parapublics

  • Les régimes de retraite du secteur public (e.g., RREGOP, RRPE, etc.) ;
  • Les régimes privés parrainés par l’employeur (Régime de pension agréé (RPA) à prestations déterminées, RPA à cotisations déterminées, etc.).

3e source – Les placements individuels, collectifs ou corporatifs

  • Placements personnels (REER/FERR, CELI, Compte Non-enregistré, CRI/FRV, etc.) ;
  • Régimes collectifs (REER collectif, Régime de participation différé aux bénéfices (RPDB), etc.) ;
  • Placements cumulés dans votre entreprise et versement de dividendes.

4e source – Autres sources de revenu

Cette dernière source correspond aux autres revenus que vous pourriez percevoir. Par exemple, vous pourriez décider d’obtenir un travail à temps partiel à la retraite pour augmenter vos revenus.

Un revenu d’emploi pourrait améliorer votre sécurité financière

Conserver un emploi à la retraite, que ce soit à temps partiel ou saisonnier, pourrait vous permettre de maintenir voire d’améliorer votre sécurité financière. Effectivement, un revenu supplémentaire à vos revenus de retraite vous permet de vous protéger des effets imprévisibles pouvant influencer votre planification de retraite en agissant comme un coussin financier. Il vous suffit de penser à des années où l’inflation est supérieure à la normale, aux dépenses imprévues qui ont pour effet d’augmenter sporadiquement le budget que vous vous étiez fixé, ou même lorsqu’il y a des fluctuations sur les marchés. Bien que souvent temporaires, ces situations pourraient vous occasionner un stress.  

En cas de manque à combler dans votre planification de retraite, ce revenu pourrait également vous permettre de repousser le décaissement de vos placements et ainsi accroître davantage votre patrimoine. Effectivement, cette stratégie n’est pas à négliger car il y a un double impact relié au décaissement des actifs une fois à la retraite. Un retraité cesse habituellement ses épargnes et commence parfois à retirer des sommes de ses placements (3e source). Toutefois, en ayant un revenu d’emploi complémentaire, vous êtes possiblement en mesure d’éliminer – en partie du moins – l’impact du décaissement même si vous n’êtes plus forcément en mesure de mettre des sommes de côté. Vous pourriez également faire le choix de reporter la prise de vos rentes gouvernementales et ainsi augmenter les montants à recevoir (SV et RRQ).

Un revenu d’emploi complémentaire est une solution qui mérite véritablement d’être envisagée en début de retraite. Il ne faut pas sous-estimer les avantages qu’apportent cette flexibilité. Bien évidemment, il faut également tenir compte du coût fiscal de cette source de revenu supplémentaire.

Qu’advient-il de l’impôt supplémentaire qu’occasionnera mon emploi ?

Lorsque vous souhaitez déterminer dans quelle mesure il pourrait être rentable ou non de retourner au travail une fois à la retraite, il faut bien évidemment tenir compte de l’impôt. Il ne faut pas oublier qu’il existe des mesures et crédits d’impôt (fédéral et provincial) qui permettent de pallier dans une certaine mesure à l’ajout d’une source de revenu dans sa planification de retraite.

Il est important de noter que vous pourriez avoir à rembourser, en partie ou en totalité, la pension de sécurité de vieillesse (SV). En 2024, le seuil de récupération de la SV est de 90 997 $[1]. En d’autres mots, c’est la portion de vos revenus qui dépassent ce montant qui permet d’évaluer la portion de la SV qui devra être remboursée. Le remboursement prend la forme d’un impôt à payer. Il est important de se rappeler que ce régime en est un de base et qu’il a initialement été mis en place en 1927 ayant comme but principal d’assurer la sécurité du revenu[2].

Voici une liste non exhaustive des crédits qui pourraient vous permettre de réduire votre charge fiscale :

  • Crédit canadien pour emploi[3]
  • Crédit d’impôt pour la prolongation de carrière[4]
  • Crédit en raison de l’âge[5] [6]
  • Crédit pour revenu de pension et crédit pour revenus de retraite[7]

La mécanique de chacun de ces crédits peut paraître complexe. De manière générale, vous pouvez retenir qu’il faut soit recevoir un revenu d’emploi ou un revenu de pension pour y être éligible. Toutefois, il faut également respecter les critères qui constituent pour la plupart en un seuil minimal et maximal de revenu (d’emploi ou de pension).

En somme, il est important d’évaluer le coût fiscal du revenu d’emploi à la retraite et de vous entourer de professionnels qui vous permettront d’évaluer la rentabilité de votre projet :

Crédits calculés en fonction du revenu d’emploi – non remboursables*

  • Crédit canadien pour emploi : le crédit non remboursable est de 15% jusqu’à un maximum de 1 368$ en 2023 (soit un revenu d’emploi de 9 120 $ pour obtenir le crédit maximum)[8] ;
  • Crédit d’impôt pour la prolongation de carrière : il faut être âgé de plus de 60 ans et recevoir un revenu d’emploi admissible d’au moins 5 000 $ pour se qualifier au crédit non remboursable de 14%. Le crédit maximal est de 1 400 $ entre 60-64 ans et de 1 540 $ à 65 ans et plus. Finalement, ce crédit est réduit progressivement lorsque le revenu d’emploi dépasse 38 945 $[9].

Crédits calculés en fonction de l’âge – non remboursables*

  • Montant en raison de l’âge (fédéral) : il faut être âgé de 65 ou plus au 31 décembre de l’année précédente et que le revenu net soit moins élevé que 98 309 $ en 2023[10] ;
  • Montant accordé en raison de l’âge (Québec) : il faut être âgée de 65 ou plus au 31 décembre de l’année pour se qualifier au crédit[11].

Crédits pour revenu de pension et crédit pour revenus de retraite – non remboursables*

  • Crédit pour revenu de pension (fédéral) : il faut recevoir une rente d’un régime de pension agréé (RPA), d’un régime similaire ou recevoir un paiement d’un FERR, par exemple, pour être éligible à ce crédit[12] ;
  • Crédit pour revenus de retraite du Québec : les paramètres sont similaires au crédit fédéral[13].

Il est possible de valider quels sont les revenus de pension admissibles au Québec et au fédéral ici.

* La notion non remboursable d’un crédit signifie simplement qu’il faut avoir un impôt à payer pour profiter du crédit. Il faut ainsi que le contribuable ait des revenus supérieurs aux crédits personnels de base pour que le crédit puisse effectivement vous faire économiser de l’impôt. En 2024, les crédits personnels de base sont de 18 056 $ au Québec[14] et de 14 156 $ à 15 705 $ pour le palier fédéral[15], selon le revenu.

Qu’est-ce que le fractionnement de revenu à la retraite ?

En parallèle, un élément important à tenir compte dans votre planification est la possibilité de fractionnement des revenus de pension une fois à la retraite. Le fractionnement de revenu consiste à attribuer une portion de ses revenus à son conjoint dans le but de niveler vos revenus imposables ainsi potentiellement de réduire votre facture fiscale. De manière générale, ceci est possible au Québec à partir de 65 ans. Il est possible de fractionner le revenu de pension admissible seulement, notamment la RRQ, la SV, la rente provenant d’un RPA, le versement d’un FERR (jusqu’à hauteur de 50 % du revenu en faveur de son/sa conjoint.e)[16].

À noter qu’il s’agit d’un choix à faire annuellement lors de votre déclaration de revenus. Dans le cas de la RRQ, le fractionnement est possible à compter de 60 ans si votre conjoint.e et vous recevez la rente. La division de la RRQ est réelle, c’est-à-dire que le montant versé aux conjoints est révisé compte tenu de la division, alors que pour les autres revenus de pension, la division est strictement comptable (fictive)[17].

Conclusion

En somme, il existe plusieurs stratégies qui pourraient avoir un impact positif tant sur le volet financier que fiscal pour votre planification de retraite. Il est primordial de s’y pencher afin de savoir s’il pourrait être rentable de continuer à travailler pendant la retraite.

  • Jean-Philippe-Vezina-Jean-Maurice-Vezina

    Jean-Philippe Vézina, Pl. Fin., M. Fisc., CIM®

    Planificateur financier, Gestionnaire de placement agréé, Représentant de courtier*, Conseiller en sécurité financière**, Conseiller en assurance et en rentes collectives**

  • Justin-Beaudoin

    Justin Beaudoin, Pl. Fin., B.A.A.

    Planificateur financier, Représentant de courtier*, Conseiller en sécurité financière**

Références

[1] Bureau de la retraire de l’Université Laval. (2024, 11 janvier). Taux de récupération – PSV & # 8212 ; Bureau de la retraite de l& # 039 ; Université Laval. Bureau de la Retraite de L’Université Laval. https://www.bretraite.ulaval.ca/evenements-de-la-vie/taux-de-recuperation/

[2] Government of Canada, Public Services and Procurement Canada, Integrated Services Branch, Government Information Services, Publishing and Depository Services. (s. d.). Information archivée dans le Web. https://publications.gc.ca/collections/Collection/SD18-7-2005F.pdf

[3] Gouvernement du Québec. (s.d.). Crédit d’impôt pour prolongation de carrière. Revenu Québec. https://www.revenuquebec.ca/fr/citoyens/credits-dimpot/credit-dimpot-pour-prolongation-de-carriere/

[4] Id.

[5] Agence du revenu du Canada. (consulté le 5 mars 2024). Ligne 30100 – Montant en raison de l’âge. Canada.ca. https://www.canada.ca/fr/agence-revenu/services/impot/particuliers/sujets/tout-votre-declaration-revenus/declaration-revenus/remplir-declaration-revenus/deductions-credits-depenses/ligne-30100-montant-raison.html

[6] Gouvernement du Québec. (s.d.). Montant accordé en raison de l’âge ou pour personne vivant seule ou pour revenus de retraite. Revenu Québec. Montant accordé en raison de l’âge ou pour personne vivant seule ou pour revenus de retraite | Revenu Québec (revenuquebec.ca)

[7] Chaire en fiscalité et en finances publiques. (consulté de 5 mars 2024). Crédit pour revenu de pension et crédit pour revenus de retraite. CFFP. https://cffp.recherche.usherbrooke.ca/outils-ressources/guide-mesures-fiscales/credit-revenu-pension-credit-revenus-retraite/

[8] Agence du revenu du Canada. (consulté le 5 mars 2024). Ligne 31260 – Montant canadien pour emploi. Canada.ca. https://www.canada.ca/fr/agence-revenu/services/impot/particuliers/sujets/tout-votre-declaration-revenus/declaration-revenus/remplir-declaration-revenus/deductions-credits-depenses/ligne-31260-montantcanadien-emploi.html

[9] Précité note 2.

[10] Précité note 3.

[11] Précité note 4.

[12] Précité note 5.

[13] Précité note 5.

[14] Gouvernement du Québec. (s.d.). Principaux changements pour l’année 2024. Revenu Québec. https://www.revenuquebec.ca/fr/entreprises/retenues-et-cotisations/trousse-employeur/principaux-changements-pour-lannee-2024/

[15] Agence du revenu du Canada. (2023, 20 novembre). Formules pour le calcul des retenues sur la paie – 119e édition En vigueur le 1er janvier 2024. Canada.ca. https://www.canada.ca/fr/agence-revenu/services/formulaires-publications/retenues-paie/t4127-formules-calcul-retenues-paie/t4127-jan/t4127-jan-formules-calcul-informatise-retenues-paie.html#toc5

[16] Précité note 5.

[17] Revenu Québec. (s. d.). Retraite Québec – La division de la rente d’une rente de retraite entre conjoints et conjointes. Retraite Québec. https://www.rrq.gouv.qc.ca/fr/retraite/retraite_a_deux/impact_fiscal/Pages/division_rr.aspx

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Jean-Philippe-Vezina-Jean-Maurice-Vezina

Jean-Philippe Vézina, Pl. Fin., M. Fisc., CIM®

Planificateur financier, Gestionnaire de placement agréé, Représentant de courtier*, Conseiller en sécurité financière**, Conseiller en assurance et en rentes collectives**

Jean-Philippe Vézina est planificateur financier et détenteur d’une maîtrise en fiscalité de l’Université de Sherbrooke, puis d’un B.A.A. Finance et d’un certificat en services financiers de l’Université Laval. Son essai « Encourager l’épargne personnelle tout en limitant le coût pour l’État » a été sélectionné parmi les finalistes de la bourse d’excellence de l’APFF.

En janvier 2022, il a officiellement pris la relève familiale du cabinet Jean-Maurice Vézina – Équipe Conseil en planification financière. Il est également enseignant du cours «Planification successorale» à l’Université Laval au 1er et au 2e cycle, coach à l’Omnium Financier pour le cas de planification financière, administrateur et président du comité de la formation et du développement professionnel de la Chambre de la sécurité financière, conférencier, participe à des émissions à la radio à Québec, collabore à plusieurs articles dans différents médias et s’implique auprès de différents organismes communautaires.

Il a également été nommé conseiller de l’année de moins de 40 ans dans l’industrie en 2020 dans la revue Conseiller et Finance et Investissement.

Jean-Philippe et son équipe se qualifient chaque année depuis plus de 15 ans à l’Académie du président qui récompense les conseillers ayant atteint le premier percentile chez IG Gestion de patrimoine.

 

*Valeurs mobilières Groupe Investors Inc.
​**Services d’assurance I.G. Inc.

Justin-Beaudoin

Justin Beaudoin, Pl. Fin., B.A.A.

Planificateur financier, Représentant de courtier*, Conseiller en sécurité financière**

Avec une passion pour la planification financière et la fiscalité, Justin Beaudoin a tracé son chemin professionnel lors d’un stage enrichissant chez IG Gestion de patrimoine en 2019. Il a depuis obtenu un B.A.A. en administration des affaires (spécialisation en planification financière) de l’Université Laval en 2020 et continue de se perfectionner avec une maîtrise en fiscalité à l’Université de Sherbrooke.

Son parcours dans les services financiers a débuté en 2018 à la Banque TD, où il a développé une solide compréhension des besoins financiers diversifiés. Rigoureux, à l’écoute et dynamique, Justin excelle dans la vulgarisation de concepts financiers complexes pour offrir des solutions sur mesure à sa clientèle. Son désir d’excellence et son engagement envers l’amélioration continue s’alignent parfaitement avec sa passion pour la planification financière et la fiscalité.

Pour Justin et Jean-Philippe, la retraite est une étape qui englobe de nombreux éléments qui vont souvent au-delà de la finance. La préparation à la retraite est importante, mais la transition et l’après sont d’autant plus importants ; Jean-Philippe et Justin ont accepté de collaborer au projet pour aider à clarifier certains éléments de cette étape ainsi que pour soulever des pistes de réflexions et d’optimisation.

 

*Valeurs mobilières Groupe Investors Inc.
​**Services d’assurance I.G. Inc.